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A quelques jours du référendum britannique sur le Brexit, l’organisme de promotion de la place financière parisienne Paris Europlace a organisé pour la première fois mercredi matin au siège d’Euronext à la Défense une conférence intitulée Place financière de Paris : Welcome to Europe !avec la Région Ile-de-France, la Mairie de Paris, le Département des Hauts-de-seine et Paris-Ile de France Capitale Economique.
Etaient également présents de nombreux professionnels de la finance (banquiers, gestionnaires d’actifs, capitaux investisseurs, patrons de fintechs…), tous venus témoigner des atouts de la place financière parisienne, mais aussi de ses limites et des ébauches de solutions qu’il conviendrait de mettre en place pour y remédier. Voici donc ce qu’il fallait retenir de cette matinée destinée à promouvoir les atouts de la Place de Paris et sa capacité à attirer les entreprises et les talents internationaux :
Brexit ou pas, la compétition avec Londres est ouverte…
« Nous sommes tous profondément européens et attachés au maintien du Royaume-Uni dans l’Europe. Mais quel qu’en sera le résultat, ce référendum amène les grandes entreprises internationales, à Londres et New York notamment, à s’interroger sur le rééquilibrage de leurs activités et de leurs implantations vers la zone euro », souligne Gérard Mestrallet, président de Paris Europlace. « C’est pourquoi, nous sommes prêts aujourd’hui collectivement à mettre en avant la compétitivité et l’attractivité de la Place financière de Paris, et à leur dire ‘Welcome to Europe !’ ».
« Si le Brexit l’emporte, ce ne sont pas seulement les entreprises qui risquent de fuir, mais aussi tous les talents qui font l’attractivité de cette place et qui ont un réel attachement à l’Europe », ajoute Jean-Louis Missika, Adjoint au Maire de Paris chargé de l’urbanisme, de l’architecture, des projets du Grand Paris, du développement économique et de l’attractivité. « Nous mettrons en place les conditions nécessaires pour accueillir ces talents, mais nous renforcerons aussi notre coopération avec Londres car l’axe Paris-Londres est vital pour l’économie européenne quels que soient les choix diplomatiques des Etats-nations ».
Relocaliser le trading euro
« Il faudra juste que s’ils décident de sortir de l’Union européenne, alors nous ayons une grande clarification », a estimé Stéphane Boujnah, directeur général d’Euronext. « Aujourd’hui nous vivons une anomalie, qui est que les clients et les entreprises industrielles, les entreprises commerciales, sont sur le continent européen et les banquiers sont à Londres ».
Idem pour l’abondante épargne des ménages qui est sur le continent européen tandis qu’une très grande partie des gestionnaires d’actifs est à Londres. En outre, « 45% du trading effectué sur la devise dominante du continent, l’euro, se fait à partir de Londres », a déploré l’ancien patron de Santander France. « Cette sorte d’anomalie offshore ne peut pas résister à une sortie du Royaume-Uni de l’UE ».
A ce sujet, Kyril Courboin, PDG de JPMorgan France et Benelux relève que près de 300.000 emplois à Londres sont directement ou indirectement liés aux problématiques de l’euro, et qu’une partie d’entre eux pourraient être relocalisés. Si cela concernait 10% de ces effectifs (soit 30.000 emplois), il serait difficile pour des places comme Dublin ou Luxembourg d’accueillir autant de monde, et que c’est la place de Paris qui pourrait en bénéficier en raison de sa proximité avec Londres et ses infrastructures.
Ce qui est certain, c’est que si Brexit il devait y avoir, Paris n’entend pas s’effacer au profit d’autres places financières comme Dublin, Luxembourg, Amsterdam et Francfort, derrières lesquelles elle est souvent distancée dans les classements internationaux. Ce qui fait dire au patron de JPMorgan France qu’il y a « une déconnexion totale entre la perception et la réalité économique ». Car la place financière parisienne ne manque pas d’atouts, loin s’en faut…
Des atouts unanimement reconnus
De l’avis général, la Place de Paris offre les meilleurs atouts et services pour attirer les investisseurs et entreprises internationales, grâce à une place financière adossée à la sixième puissance économique mondiale, mais également du fait de la présence de grandes entreprises internationales, plus importante encore qu’à Londres et Francfort, qui opèrent très largement sur les marchés financiers, et qui sont les clients des banques et fonds d’investissement internationaux.
En sa qualité de président de la Fédération bancaire française (FBF), Frédéric Oudéa, le directeur général de la Société Générale DG rappelle qu’il y a plus de 500 sociétés de gestion et plus de 500 banques (dont 4 figurent dans le top 10 européen) sur la place financière française. A cela vient s’ajouter un pôle d’investissement de premier rang international, avec plus de 3.000 milliards d’euros de gestion d’actifs.
« Au milieu des années 90, contrairement à nos concurrents, nous avons fait le choix de nous implanter à Paris plutôt qu’à Londres car nous considérions que la France était un terrain d’investissement attractif de par sa taille et sa diversité », indique Nadra Moussalem, directeur général Europe de la firme internationale de fonds d’investissement privés Colony Capital.
Des initiatives qui se multiplient
« L’Autorité des marchés financiers et l’Association française de la gestion financière ont récemment lancé FROG, un groupe de place pour accroître la visibilité et la distribution des fonds d’investissement français à l’étranger », rappelle Didier Le Menestrel, président de la Financière de l’Echiquier et en charge de ce projet.
Avec 160 000 salariés, près de 70 % de sièges sociaux et de nombreux établissements financiers (la Société Générale, la succursale régionale de la Banque de France, HSBC, Euronext), « La Défense a déjà commencé à être une place financière qui offre une concentration unique de leaders économiques et de grands centres de décision», rappelle Patrick Devedjian, président du Conseil départemental des Hauts-de-Seine.
Enfin, « pourquoi ne pas faire à terme de Paris la capitale de la finance verte ou de la blockchain ? », a lancé comme piste de réflexion Pierre-René Lemas, directeur général du groupe Caisse des Dépôts, qui intervenait sur une table-ronde dédiée à l’attractivité du Grand Paris.
Les fintechs françaises à l’honneur
Entre autres atouts, on peut citer des capacités mondialement reconnues dans le domaine de la recherche et de la formation en finance, et le développement d’une place financière à la pointe de l’innovation, dans les grandes entreprises bancaires et d’assurance, mais également grâce au développement des Fintechs.
L’un des axes phares de développement consiste d’ailleurs à lancer de nouveaux incubateurs et accélérateurs de croissance dédiés au secteur financier, ainsi que développer les fintechs françaises et en faire leur promotion à l’international. A ce sujet, le pôle de compétitivité mondial Finance Innovationlabellise ce jeudi à Paris 50 nouvelles sociétés fintech. « En y regardant de près, Paris et Londres comptent un nombre équivalent de fintechs », constate Joëlle Durieux, DG du Pôle Finance Innovation, qui milite pour une meilleure organisation de la relation entre les grands groupes et sociétés fintechs.
En matière d’innovation technologique financière, « l’évolution réglementaire est un élément clé de l’attractivité de la place financière parisienne », relève Benoît Bazzocchi, président et fondateur de la plateforme de crowdfunding SmartAngels, et qui faisant partie de la dizaine de patrons de sociétés fintechs venus témoigner à l’estrade. D’où la nécessité d’un dialogue permanent entre les régulateurs et les professionnels, pour bâtir une régulation compétitive.
Des progrès restent à faire
L’objectif de ce genre de conférence n’est pas bien sûr de tomber dans un cocorico béat mais aussi d’avancer des propositions pour renforcer l’attractivité internationale de la Place de Paris. Aux côtés d’entreprises internationales et de start-up de la nouvelle économie, d’investisseurs et de gestionnaires de l’épargne, Paris Europlace et Paris-Ile de France Capitale Economique ont ainsi annoncé de nouvelles propositions.
Il s’agit notamment d’accélérer les infrastructures d’accueil et de transport (Charles de Gaulle Express, Grand Paris Express, Eole,…), d’attirer les talents en créant par exemple de nouveaux lycées internationaux dans Paris intra-muros, en confortant les initiatives de recherche ou bien en développant l’enseignement des langues étrangères. Dans la même veine, la place de Paris entend optimiser les dispositifs de soutien à l’innovation, notamment en pérennisant le crédit d’impôt recherche (CIR), ouvrir un guichet unique pour l’innovation, rationnaliser les aides et simplifier les dispositifs.
Au menu également, la mise en place une réglementation et une fiscalité plus compétitives pour garantir une meilleure stabilité fiscale, la suppression de la tranche marginale de taxe sur les salaires, ou bien« l’amélioration du dispositif largement utilisé des cadres ‘impatriés’, en allongeant sa durée, afin de mieux attirer les collaborateurs à fort potentiel », conclut Gérard Mestrallet.
Lire l'article : : http://news.efinancialcareers.com/fr-fr/246909/la-place-financiere-paris...