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"A cA cinq mois de la présidentielle, la campagne ne fait que commencer, Bloc notes de l'Opinion,15 décembre 2016

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Emmanuel Macron a indéniablement réussi à organiser une belle réunion politique à Paris, Porte de Versailles. Des médias soucieux de vendre des produits nouveaux feignent une surprise admirative devant son entregent et sa jeunesse. Emmanuel Macron a lancé son credo : libéral, social, européen… Il y a 50 ans, Jean Lecanuet qui passait pour le Kennedy français disait la même chose. Qui ne souscrirait à un tel programme qui ne se démode pas ?

Car il n’est pas si simple que cela de réussir à faire avancer d’un même pas, la liberté du travail et la justice sociale. D’autres s’y sont cassé les dents, de Nicolas Sarkozy avec les heures supplémentaires défiscalisées à Myriam El Khomri et sa loi Travail, sans oublier Emmanuel Macron lui-même, avec ses trois 49.3 pour libéraliser… les autocars ! S’il suffisait d’avoir de bonnes intentions pour réussir en politique, ça se saurait depuis longtemps.

En fait, Emmanuel Macron est à la recherche d’une clientèle, or il n’a aucune chance de rassembler sur ses idées les divers bataillons de la gauche éclatée, et son refus de participer à la primaire de la gauche montre qu’il le sait. Il n’a pas non plus la possibilité de capter la droite qui s’est d’ores et déjà organisée derrière François Fillon et qui se souvient bien qu’il fut le conseiller économique de François Hollande et son ministre, coresponsable de la fiscalité à 75 % et du fiasco économique que nous vivons. Emmanuel Macron espère donc capter la récurrente chimère du rassemblement des centres, de gauche et de droite.

Idéalisme européen. Or, en France, depuis le MRP, le centre a son point de gravité à droite. Les parlementaires centristes ont besoin des voix de droite dans leurs circonscriptions et les parlementaires de droite ne peuvent avoir de majorité au Parlement sans les centristes. Le centre a longtemps équilibré le gaullisme en lui apportant son humanisme et son idéalisme européen, et il n’a jamais basculé à gauche même dans l’opposition.

L’ouverture de Michel Rocard, Premier ministre, à des ministres centristes fut sans perspective et l’échec de François Bayrou avec François Hollande le démontre à nouveau. Car la droite sait si bien qu’elle a besoin du centre que bien évidemment c’est François Fillon qui saura répondre à la demande des valeurs sociales, libérales et européennes.

Emmanuel Macron n’a donc pas d’espace politique au centre.

Quel est l’enjeu de l’élection présidentielle de 2017 ? Pour moi, c’est de savoir donner aux Français un espoir solide de s’adapter à une mondialisation inévitable, malgré les problèmes qu’elle pose, et de sortir ainsi du marasme dans lequel est notre pays et dont il n’arrive pas à s’extraire. Or, cet espoir doit être ressenti par une très grande majorité de Français et non pas seulement par une élite aussi éclairée soit-elle.

Chacun doit pouvoir penser que la politique conduite lui permettra d’améliorer sa propre situation. François Fillon a été choisi par 2,9 millions d’électeurs. C’est beaucoup plus que tout autre candidat. Il lui faut maintenant mobiliser plus largement, écouter tous les Français pour répondre à leurs aspirations. S’il restait imperméable à leurs observations on l’accuserait d’être rigide, s’il les écoute on lui reproche de reculer !

Dialogue permanent. Que serait une campagne électorale de cinq mois qui ne changerait rien au programme du candidat ? Une campagne c’est une rencontre et un dialogue permanent. Il faut non seulement être pédagogue, expliquer clairement sa vision du présent et de l’avenir mais aussi écouter et comprendre profondément pour devenir le porte-parole des Français, et ils ont des choses à dire. Les représenter, c’est cela et c’est la seule légitimité qui autorise à les conduire.

Aujourd’hui, le travail est en pleine transformation. Le travail indépendant explose et si l’on a bien fait de créer le statut d’auto-entrepreneur, en fait il s’agit souvent « d’auto-employeurs » dynamiques dont la protection sociale est à la fois très précaire et tragiquement bureaucratique. Ce n’est pas l’Etat qui veut tout contrôler et dont l’organisation elle-même est archaïque qui peut encadrer de telles évolutions sociales et économiques. La société invente tous les jours de nouvelles manières de travailler créant de nombreux emplois, mais elle a besoin de confiance et de libertés. Ces aspirations doivent être portées.

Le Brexit est l’occasion de sortir l’Union européenne de son enlisement. La Grande Bretagne était le plus ardent militant de l’adhésion de la Turquie, mais en définitive elle quitte notre Europe pour protester contre l’immigration et n’aurait pas hésité à nous laisser seuls face à face avec cette même Turquie. Le sentiment anti-européen se nourrit des déceptions d’une Commission bavarde et tatillonne. Les Français attendent un discours d’espérance sur l’Europe et ils savent qu’elle seule peut gérer les problèmes d’immigration qui déstabilisent nos démocraties. Nous sentons bien que la France isolée ne peut jouer tout son rôle au Proche-Orient malgré l’importance de notre engagement et nos sacrifices. Il y aura un temps pour le dire.

Malgré le terrorisme traumatisant, le temps va venir où il faudra dire que l’obsession sécuritaire a ses limites et que la République ne peut et ne doit vivre en état d’urgence permanent, au mépris des libertés individuelles les plus élémentaires : le Conseil d’Etat le dit déjà. Il n’y a sans doute pas assez de policiers mais on les emploie à vérifier le caractère pair ou impair des numéros minéralogiques. Tandis que la Justice dans sa grande misère et son grand désordre ne rend plus ses décisions qu’à trop long terme.

C’est bien évident que François Fillon comme d’ailleurs les autres candidats n’a pas encore tout dit des problèmes de notre pays et des solutions qui sont attendues. Mais c’est tout aussi vrai que le temps ne manque pas et qu’il viendra. Alors le petit procès sur le manque de précision ou sur les infléchissements n’est que celui de gens qui n’ont pas grand-chose d’autre à reprocher.

 

 


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